L’après cancer du sein

L’atteinte physique et psychique

La chirurgie oncologique du sein, qu’il s’agisse d’une mastectomie totale ou partielle, même avec les techniques oncoplastiques actuelles représente toujours une atteinte à la féminité. Après l’opération, il faut du courage pour regarder une première fois sa cicatrice. Il faut du temps pour renouer contact avec son corps et apprendre à l’accepter tel qu’il est désormais. Pour certaines femmes, la perte d’un sein peut être plus difficile à surmonter que le cancer lui-même. 

La prothèse provisoire après une mastectomie totale

Une prothèse bien adaptée à la forme et à la taille de la poitrine peut sensiblement faciliter le retour à la vie de tous les jours. 

Quelques jours après l’opération, ile est possible d’utiliser une prothèse provisoire, qui, même si elle n’est pas tout à fait adaptée à votre morphologie, vous aidera à vous sentir plus confiante face aux regards extérieurs. Il s’agit de prothèses en textile non adhérentes (c’est-à-dire qu’elles ne se fixent pas directement sur la poitrine) et qui peuvent être portées juste après l’opération et durant les deux mois suivants (temps nécessaire à la cicatrisation). Elles peuvent également être utilisées pendant la radiothérapie. Elles se mettent à l’intérieur d’un soutien-gorge adapté à cet effet, muni d’une poche intérieure. Légère, elle sera portée jusqu’à la cicatrisation complète de la plaie opératoire. Il est conseillé de la fixer dans le soutien-gorge par quelques points de couture ou un bouton pression, pour éviter qu’elle ne glisse. Vous pourrez ensuite faire l’acquisition d’une prothèse définitive bien adaptée.

Les prothèses « définitives » sont en silicone et sont conçues de façon à avoir le même poids et la même apparence que le sein normal. Ajustées correctement, elles procurent un équilibre qui favorise un bon maintien, empêchent le soutien-gorge de remonter vers le haut et donnent une forme naturelle aux vêtements. Certaines sont non adhérentes à la peau et peuvent se porter à partir du troisième mois après l’opération. D’autres  sont adhérentes et peuvent être portées uniquement à partir du quinzième mois après l’opération. 

Des soutiens-gorge et des maillots de bain adaptés aux prothèses externes vous donnent la possibilité de maintenir vos activités habituelles. Certains modèles de prothèses sont conçus spécialement pour les maillots de bain. 

Les douleurs

Les traitements du cancer du sein peuvent être à l’origine de douleurs persistantes sur des semaines voire des  années). 

-Les douleurs post-chirurgicales

Au cours de la chirurgie, notamment quand elle concerne les ganglions de la région de l’aisselle, les nerfs de la région du sein peuvent être endommagés, ce qui entraîne une douleur dite neuropathique régionale. La douleur peut apparaître juste après la chirurgie ou survenir après un intervalle libre de quelques semaines à plusieurs mois.

-Les douleurs liées à la radiothérapie

Le risque d’atteinte des nerfs lié à la radiothérapie (plexite radique) est très rare avec les techniques actuelles d’irradiation. La radiothérapie peut toutefois être à l’origine de la survenue de douleur de type névralgie intercosto brachiale.

-Les douleurs liées à la chimiothérapie

Les traitements de chimiothérapie de la famille des taxanes peuvent être à l’origine de polyneuropathies douloureuses, apparaissant parfois lors de la première cure. 

-Les douleurs liées à l’hormonothérapie

Administrée pendant de nombreux mois, elle peut entraîner des douleurs musculaires et articulaires. De manière générale, 10 à 24% des patientes recevant une hormonothérapie présentent des douleurs modérées à sévères. 

-Les douleurs liées à une récidive

Une récidive, en particulier au niveau osseux, peut être à l’origine de douleurs. Les traitements utilisés dans le cadre d’une récidive peuvent également entraîner des douleurs.

Le lymphoedème

Lymphoedème guche

Le  lymphœdème du membre supérieur  ou « gros bras » est un gonflement provoqué par le ralentissement ou le blocage de la circulation de la lymphe.

C’est un effet secondaire possible de tout geste ou traitement réalisé au niveau de l’aisselle surtout curage axillaire ou plus rarement ganglion sentinelle  ou radiothérapie axillaire. 

Le lymphœdème peut se manifester quelques semaines après le curage axillaire ou des mois, voire plusieurs années plus tard. Il peut évoluer de façons 

différentes. Chez certaines femmes, il est temporaire et disparaît dans les quelques mois qui suivent la chirurgie. Pour d’autres, il peut persister et devenir fluctuant mais ne régressant jamais totalement.

Le  lymphœdème peut disparaître par la simple mise au repos du bras en position surélevée ou après la nuit. Lorsqu’il ne disparaît plus spontanément, une kinésithérapie spécialisée est nécessaire. Elle est indiquée à partir d’une différence de 2cm des circonférences des  deux bras.

Il a été observé que certaines affections du membre supérieur ou comportements peuvent être le point de départ d’un lymphœdème. Il apparait en général après un élément déclenchant qui peut être anodin. Il peut s’agir d’une infection, d’une piqûre d’insecte, d’une brûlure ou de traumatismes au niveau du bras : prise de la tension artérielle, pratique de certains sports, port de charges lourdes, etc.

En être informé et y faire attention peut vous aider à prévenir l’apparition d’un lymphœdème.

Voici une liste de conseils pratiques (non exhaustive) :

-Protéger le bras et la main de blessures comme les coupures, les égratignures, les ecchymoses et les brûlures. Le port de gants de caoutchouc est conseillé lorsque vous cuisinez, réalisez des travaux de jardinage ou ménagers (notamment en cas d’utilisation de produits détergents) ou lorsque vos mains trempent dans l’eau pendant longtemps. Les blessures éventuelles, même minimes, sur ce membre, l’épaule ou dans le creux de l’aisselle, nécessitent d’être lavées à l’eau et au savon puis désinfectées correctement.

-Portez des vêtements confortables qui ne vous serrent pas, surtout dans la région des aisselles et des épaules, car l’elimination de la lymphe est facilement entravée dans ces deux zones. 

-Éviter de prendre la tension artérielle ou de faire des prises de sang du côté opéré.

-Éviter, au début, de porter des charges lourdes avec le bras affecté et transportez votre sac à main, les paquets lourds et les valises en utilisant de préférence l’autre bras.

-Bouger le bras en suivant les recommandations de votre médecin et de votre masseur-kinésithérapeute afin de stimuler le drainage de la lymphe. Les exercices préconisés correspondent aux activités de la vie quotidienne.

-S’assurer auprès d’un professionnel de la santé que la pratique d’activités sportives, vigoureuses et répétitives ou faisant appel au haut du corps, que vous faisiez avant, telles que l’aviron, le tennis, le golf et le ski de fond vous sont toujours autorisées. Si tel est le cas, il est important de les recommencer doucement et d’augmenter graduellement l’intensité de l’exercice.

-Le drainage lymphatique manuel ou la compression (par bandage de décongestion ou manchon) peuvent améliorer le lymphœdème. La technique de pressothérapie pneumatique peut également être utilisée pour aider à décongestionner le bras.

La chute des cheveux  

La chute des cheveux est liée à la chimiothérapie. Elle peut être variable selon les individus et selon les médicaments utilisés ou leurs doses. 

La chute des cheveux commence généralement deux à trois semaines après le début de la chimiothérapie mais parfois dès la première séance. La chute peut être brutale ou espacée suivant le type de molécules utilisées et les doses administrées. Le port du casque réfrigérant peut parfois limiter la chute. Les cils et les sourcils tombent généralement un peu après les cheveux.

Il faut savoir que les cheveux repoussent à la fin des traitements, à raison d’environ un centimètre par mois.

Il est possible de porter une perruque durant cette phase d’alopécie.

L’image du corps

Le cancer du sein et ses traitements peuvent bien évidemment affecter l’image corporelle et l’estime de soi.

Il faut parler de ce que vous éprouvez avec votre partenaire, un membre de votre famille ou un(e) ami(e). Exprimer ses émotions et les partager avec d’autres permet souvent de mieux les supporter. Il faut également en parler avec votre médecin ou avec un autre membre de l’équipe soignante.

Un soutien psychologique auprès d’un psycho-oncologue peut être utile, de même que la participation à des groupes de dialogue avec des personnes qui vivent ou ont vécu une expérience avec le cancer semblable à la vôtre. 

Il faut se laisser du temps pour accepter sa nouvelle image et récupérer une estime de soi.

La Reconstruction mammaire

La reconstruction mammaire fait partie intégrante de la prise en charge du cancer du sein, en particulier après une chirurgie mammaire non conservatrice. 

La reconstruction mammaire se fait parfois en même temps que la chirurgie du cancer, on parle dans ce cas de reconstruction immédiate. Plus souvent, elle est réalisée après la fin des traitements, au cours d’une nouvelle intervention ; on parle cette fois de reconstruction différée, ou encore de reconstruction secondaire.

Lorsqu’une radiothérapie doit être réalisée en complément de la chirurgie du cancer du sein, ou si la tumeur du sein est très volumineuse, la reconstruction est nécessairement différée.

Dans d’autre cas, vous pouvez choisir le moment de la reconstruction qui vous semble le plus adapté. Il est alors important de prendre le temps nécessaire pour réfléchir, discuter avec l’équipe soignante, poser toutes les questions qui vous préoccupent et prendre votre décision en fonction des avantages et des inconvénients respectifs des deux solutions.

Il existe différentes techniques de reconstruction (voir : La reconstruction mammaire) et le choix de la technique sera discuté en fonction de chaque cas. Une symétrisation de l’autre sein est souvent nécessaire. Le résultat final peut donc nécessiter plusieurs opérations. Actuellement, le développement du lipofilling est en passe de révolutionner les stratégies de reconstruction mammaire pout en simplifiant les techniques chirurgicales. 

La sexualité 

Le cancer du sein et ses traitements peuvent affecter votre sexualité mais n’altèrent pas votre capacité à ressentir du plaisir sexuel grâce aux caresses par exemple. Il n’y a pas de définition d’une vie sexuelle «normale » : il s’agit pour vous et votre partenaire d’éprouver du plaisir ensemble.

Les effets du cancer du sein sur la sexualité dépendent à la fois des traitements (chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie ou thérapie ciblée), de la sévérité de la maladie et de la façon dont vous viviez votre relation à l’autre et votre sexualité avant la survenue du cancer. Certains changements sont temporaires, d’autres peuvent être définitifs.

Il peut s’agir de fatigue, d’une diminution du désir sexuel, de douleurs, de modifications de l’image du corps, de troubles de la fertilité ou encore d’une ménopause précoce. Ces répercussions affectent la vie intime et sexuelle de la femme et du couple mais malgré ces gênes, une vie intime et sexuelle est envisageable.

est le meilleur moyen de vous aider dans cette période de changement. Partager ses préoccupations permet d’assurer la communication et l’équilibre du couple. N’hésitez pas à aborder avec votre partenaire, vos craintes, vos difficultés, vos questions ou encore vos appréhensions concernant votre sexualité.

Le sport après cancer du sein

L’activité physique réduit le risque de développer un jour un cancer du sein. Elle diminue également le risque de récidive après le cancer. 

Les femmes les plus actives auraient ainsi un risque 20% moindre de développer un cancer du sein que les femmes les moins actives.  De même, après un cancer du sein, pratiquer au moins 3 heures d’activité physique hebdomadaire réduit les risques de récidive de 20%. Un pourcentage qui grimpe à 50% au-delà de 9h d’activité physique par semaine.

Par ailleurs, l’activité physique permet de lutter contre les séquelles liées aux traitements : contre la fatigue, le lymphoedème par exemple.