Le frottis du col utérin


Madame
Vous tenez à être suivie correctement et votre gynécologue  vient de vous faire, ou vous a proposé, un frottis.

Le frottis du col utérin a pour objectif de dépister des anomalies cellulaires qui sont susceptibles d’évoluer ultérieurement vers un cancer du col. Ces anomalies cellulaires sont dues à des infections par des virus oncogènes de la famille des papillomavirus (HPV).  Il permet aussi de rechercher la présence de virus HPV (papillomavirus).

Toutes les femmes, à partir de l’âge de 25 ans, doivent pouvoir bénéficier régulièrement d’un frottis du col utérin, seul moyen d’éviter l’apparition d’un cancer du col (cela concerne également les personnes lesbiennes). Ce prélèvement qui est indolore doit être fait en dehors des périodes de règles. Concernant la fréquence de ces frottis, les recommandations actuelles (HAS) sont les suivantes: «réalisation d’un frottis à un rythme triennal (après 2 frottis normaux réalisés à 1 an d’intervalle) entre 25 et 29 ans». 

Depuis mai 2018, le dépistage du cancer du col de l’utérus s’appuie sur un programme national de dépistage organisé . Il s’adresse à toutes les femmes entre 25 et 65 ans. Les femmes qui ne se font pas dépister selon les intervalles de temps recommandés recevront du centre régional de coordination des dépistages des cancers un courrier les invitant à consulter leur gynécologue, médecin généraliste ou sage-femme pour réaliser ce dépistage. Dans ce cadre, le dépistage est remboursé à 100 %.

Les modalités de dépistage varient désormais selon l’âge des femmes.

Pour les femmes entre 25 et 29 ans, les modalités de dépistage antérieures sont maintenues : le test de dépistage est réalisé par examen cytologique tous les 3 ans, après deux premiers tests réalisés à 1 an d’intervalle et dont les résultats sont normaux.

Pour les femmes de 30 ans à 65 ans, la HAS a fait évoluer les modalités de dépistage (en actualisant ses recommandations de 2010). Elle recommande que le test HPV-HR, plus efficace pour ces femmes, remplace l’examen cytologique. Le test HPV-HR est réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal. Un nouveau test est refait tous les 5 ans, jusqu’à l’âge de 65 ans, dès lors que le résultat du test est négatif.

Le prélèvement pour un examen cytologique ou un test HPV-HR est réalisé par frottis. Il prend quelques minutes. Il n’est pas douloureux, même si une gêne peut être ressentie.

Le frottis est réalisé après mise en place d’un spéculum. Il procède au prélèvement par frottement léger sur le col à l’aide d’une petite brosse adaptée. Il s’agit d’un prélèvement totalement indolore.

Le frottis à visée cytologique peut être soit normal,  soit montrer des anomalies. Ces anomalies sont de gravité variable. 

On utilisait autrefois la classification de Papanicolaou qui comportait 5 stades de gravité croissante. Elle est aujourd’hui abandonnée au profit de la classification de Bethesda. Selon cette classification, le résultat de votre frottis pourra donner les résultats suivants :

-Frottis ASC-US = Il s’agit d’un frottis montrant des modifications cellulaires de nature indéterminées, c’est-à-dire qu’il peut aussi bien s’agir d’un frottis parfaitement normal que d’anomalies légères appelées LSIL ou CIN I. Près de 10% des frottis sont ASC-US. Ce résultat ne doit pas vous inquiéter. Si le frottis a été fait en phase liquide, une recherche de virus HPV sera faite sur le même prélèvement. Si cette recherche est négative, le frottis est considéré comme normal.  il est aussi possible d’utiliser le double immunomarquage p16iNK4A/Ki67 pour le triage des ASC-US avant 30 ans. Mais il ne s’agit que d’une option et non d’une recommandation. Dans le cas contraire, en cas d’ASCUS, HPV+ une colposcopie sera proposée.

Prise en charge des frottis ASCUS

-Frottis ASC-H= frottis également de nature indéterminée, mais ne permettant pas d’éliminer une lésion de haut grade. Il indique la réalisation d’une colposcopie avec biopsie. La recherche de virus HPV n’est pas indiquée dans cette situation.

Conduite à tenir devant un frottis ASC-H (INCA 2016)
*: en cas de colposcopie normale ou non satisfaisante, l’exploration du vagin doit être systématique.
**:Lésion histo= lésion histologique d’après biopsie
PEC= prise en charge

-Frottis LSIL ou CIN I = Cela signifie la présence d’anomalies cellulaires de bas grade, qui sont certes dues la plupart du temps à la présence de virus HPV mais ce type de lésion a une probabilité de guérir spontanément en 2 ans de 70 à 80 %. Le risque de progression vers une lésion de haut grade dans ce délai est faible, inférieur à 15 %, et le risque de progression vers un cancer est quasiment nul. Pour cette raison, il est recommandé de ne pas traiter immédiatement ces lésions qui devront simplement être surveillées et la recherche de virus est inutile. Un tel frottis doit bien sûr être refait 6 mois plus tard pour s’assurer du retour à la normale. Seule la persistance des anomalies sur une durée de plus d’un an (voire 2 ans) doit être considérée comme suspecte et indiquer la réalisation d’une colposcopie associée éventuellement à une biopsie du col.

-Frottis montrant des lésions de haut grade (HSIL ou CIN II et CIN III) = un tel frottis doit faire pratiquer une colposcopie avec biopsie du col. Si la biopsie confirme ce type d’anomalie, une conisationvous sera proposée. Un part non négligeable de ces lésions peut également régresser spontanément, mais nous n’avons pas les moyens de savoir qui verra ses lésions régresser et qui les verra s’aggraver. Ces anomalies ne constituent pas un cancer du col mais risqueraient fort d’en provoquer un en l’absence de traitement. 

En d’autres termes, si un frottis, à condition qu’il soit fait tous les ans, peut parfaitement révéler des anomalies de nature pré-cancéreuses, il n’y a pas de raison qu’un cancer du col soit brutalement découvert. Il y a largement le temps de faire un traitement préventif (conisation) car il se passe une moyenne de 10 à 15 ans entre l’apparition des premières anomalies du frottis et l’apparition d’un cancer invasif du col utérin.

Le colposcope

Il existe plus d’une centaine de types différents de virus HPV. La plupart ne comporte pas de risque d’entraîner un cancer.  Les types le plus souvent mis en cause dans l’apparition du cancer du col sont les HPV16 et 18 ; parfois les types 45 et 31 et plus rarement les types 56, 68, 52 et 35.  On parle d’HPV oncogènes.

Le virus HPV se transmet par voie sexuelle et sa présence est extrêmement fréquente. On considère que près de 90% des femmes deviennent porteuses du virus dès les premiers rapports.L’usage du préservatif ne protège pas contre la contamination HPV car le virus se transmet aussi par les zones cutanées non couvertes par le préservatif. Il est cependant important de savoir que 80% des femmes infectées vont éliminer spontanément le virus en moins de 18 mois. C’est pour cette raison qu’il est maintenant considéré comme inutile de faire des frottis avant l’âge de 25 ans.

Le col vu en colposcopie

C’est seulement la persistance du virus au-delà de 18 mois ou 2 ans qui peut poser problème et il n’y a qu’en cas d’apparition d’anomalies du frottis qu’une surveillance particulière s’impose. 

Le principe de la cotisation

Il n’existe pas de traitement médicamenteux contre les virus HPV. On traitera les anomalies cellulaires du col mais pas le virus lui-même.

Enfin, il faut avoir présent à l’esprit que le délai entre l’arrivée du virus sur le col et l’apparition du cancer est de l’ordre d’au moins 10 ans. C’est pour cela qu’il n’est pas utile de commencer les frottis trop jeune. En effet dans les premières années après l’arrivée du virus, apparaissent souvent des anomalies légères qui vont le plus souvent disparaître spontanément mais qui risquent de provoquer des gestes agressifs sur le col (biopsies, conosations) avec des conséquences possibles, chez ce jeunes filles, sur les futures grossesses.

La colposcopie est un examen visuel du col de l’utérus, à l’aide d’une loupe grossissante, appelée colposcope. Cet examen est effectué lors d’une consultation gynécologique. Lorsque l’on suspecte une lésion, la colposcopie permet d’orienter le gynécologue afin d’effectuer une biopsie à l’endroit le plus suspect.
La colposcopie, de même que la biopsie du col sont des gestes indolores.
En cas d’anomalie sévère, un conisation sera réalisée: Cela consiste à retirer, sous anesthésie générale, la lésion et de l’analiser en totalité.

Il existe maintenant deux types de vaccins: l’un, bivalent (Cervatix®) dirigé principalement contre les types  16 et 18 d’HPV et permettrait d’éviter 70% des cancers du col. , l’autre nonavalent (Gardasil) dirigé contre 9 types d’HPV, c’est-à-dire contre les plus fréquents des virus oncogènes qui permettrait d’éviter que 90% des cancers du col. .

Le consensus international actuel recommande la vaccination des jeunes filles  entre 11 et 15 ans (âges où la réponse immunitaire est meilleure et où il y a moins de risque que la vie sexuelle ait commencée), jusqu’à 19 ans. Ce vaccin n’a d’intérêt que s’il est fait avant les premiers rapports (ou dans l’année qui suit le premier rapport). Il a un rôle préventif et ne permet donc pas de traiter une femme infectée par le virus HPV.