Hépatite B et grossesse

L’hépatite B est une maladie du foie qui est due à un virus à ADN de la famille des Hépadnavirus.

A l’instar du SIDA, l’hépatite B est considérée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme un problème majeur de santé publique. Dans le monde, environ 350 millions de personnes seraient porteuses du virus et ce dernier entraînerait entre 1 et 2 millions de morts par an ! En France, il y aurait environ 100 à 150 000 personnes porteuses du virus de l‘hépatite B.. 1,5% des femes enceintes sont positives pour l’antigène HBs. Le virus de l’hépatite B ne provoque pas d’embryofoetopathie. Le risque est lié à une contamination périnatale dont les manifestations apparaitront plus tard dans la vie de l’enfant. la prévention repose sur la sérovaccination des nouveaux-nés de mère Antigène HBs+.

Transmission

Virus de l’hépatite B

Le virus de l’hépatite B se transmet principalement par voie sexuelle ou sanguine. En effet, les seules sécrétions ou liquides corporels qui permettent de transmettre le virus sont le sang, le sperme, les sécrétions vaginales, la salive et les liquides issus d’une plaie. Pour qu’il y ait transmission, il faut donc qu’un de ces liquides chez le malade passe dans le sang d’une personne saine. La transmission de la mère à l’enfant est aussi possible mais un traitement précoce par immunoglobulines suivi d’une vaccination permettent d’éviter la maladie.

Comme souvent, certains pays sont plus touchés que d’autres compte-tenu des difficultés à faire appliquer les règles de prévention et du manque de moyens. L’Afrique, l’Asie et l’Amérique du Sud sont ainsi les plus touchées.

Les précautions à prendre pour éviter la transmission sont une utilisation systématique de préservatifs pendant les rapports sexuels et d’éviter l’échange de seringues usagées. Des mesures de sensibilisation et d’éducation sont souvent menés chez les populations à risques (toxicomanes aux drogues injectables, etc.).

Chez l’entourage du malade, il faut éviter l’échange de matériels en contact avec le sang (brosses à dents, rasoirs, ciseaux à ongles, matériel d‘épilation, etc.).

La maladie

L’infection débute par une période d’incubation silencieuse d’environ 2 mois mais pouvant aller jusqu’à 6. Comme pour l’hépatite A, après l’incubation, la phase aiguë de la maladie est asymptomatique dans 90 % des cas ! Pour les autres, les signes qui apparaissent peuvent être anorexie, douleur au foie, nausées et jaunisse (ictère). Cette dernière peut durer plus d’un mois.

Dans de rares cas, l’hépatite aiguë peut dégénérer : on parle d’hépatite fulminante. C’est une urgence car elle est mortelle dans 90 % des cas. Elle nécessite donc souvent une greffe de foie.

L’infection par le virus de l’hépatite B peut évoluer vers la chronicité dans 10 % des cas. Cela signifie que le patient sera porteur du virus ad vitam eternam (mais pas forcément malade). Dans les 90 % restants, elle évolue spontanément vers la guérison. Cette évolution n’est pas influencée par le fait que la phase aiguë ait été symptomatique ou non. Ensuite, les porteurs chroniques ont environ 2 chances sur 3 de présenter une hépatite chronique active (le tiers restant asymptomatique et hors de danger toute leur vie). Une fois sur 2, cette hépatite chronique active évoluera en cirrhose. A terme, la cirrhose qui découle de l’hépatite B peut évoluer en cancer de sombre pronostic.

Le dépistage maternel

La recherche de l’antigène HBs est faite lors du premier bilan de grossesse ou de préférence au cours du 6ème mois.

En cas de découverte d’antigène HBs, on réalise:

    -Un bilan hépatique complet avec dosage des transaminases;

    -Une sérologie complète de l’hépatite B: Ac anti-HBc, Ac anti-HBe, Ac anti-Hbs et reherche des marqueurs de replication virale que sont: Ag HBe et recherche de l’ADN viral par hybridation ou par PCR;

    -Sérologies HVC, VHD et HIV;

    -Bilan de l’entourage

Au terme de ce bilan on précise si la mère a une hépatite  B aiguë ou chronique.

    -L’hépatite B aiguë concerne 5% des femmes enceintes HBs positives. L’infection est le plus souvent asymptomatique. La replication virale étant massive, le risque de transmission périnatale est majeure. L’évolution se fait soit vers la guérison spontanée en trois mois dans 90% des cas marquée par l’apparition des anticorps anti-HBs, soit vers une hépatite chronique ou exceptionnelement vers une hépatite fulminante engageant le pronostic vital foeto-maternel.

    -L’hépatite B chronique se définit par la persistance de l’antigène HBs plus de 6 mois après le début de l’infection par le virus. Ce cas de figure concerne la majorité (95%) des femmes enceintes HBs positives. Ce type d’hépatite ne s’agrave pas du fait de la grossesse et le risque de transmission virale va dépendre de la charge virale.

Le risque pour l’enfant

Le risque est la transmission périnatale du virus de l’hépatite B et l’infection chronique de l’enfant. La transmission transplacentaire étant très rare, l’enfant s’infecte le plus souvent au moment de l’accouchement. Le risque dépend de la charge virale maternelle. On peut s’aider du tableau ci-après:

Cette hépatite néonatale est plus grave que chez l’adulte. l’enfant risque d’être porteur chronique de l’antigène HBs avec un risque d’hépatite chronique dans 90% des cas. A l’adolescence l’évolution peut se faire vers la cirrhose dans 20% des cas voire vers un cancer du foie (15% des cas).

Prévention de l’hépatite néonatale

Il s’agit d’une urgence néonatale. La prévention repose sur la sérovaccination des enfants de mère Ag HBs positive:

    -Sérothérapie immédiate en salle de naissance avant 12 heures de vie par l’injection intramusculaire de 100UI d’immunoglobulines anti-HBs;

    -Vacination du nouveau-né: 1ère injection de vaccin recombinant type Engerix B ®, en même temps que les immunoglobulines, mais à un endroit différent, avec des rappels à 1, 2 et 12 mois.

    -Toilette antiseptique de l’enfant à la naissance;

    -Recherche d’Ag HBs à 15 jours de vie.

Ces mesures préventives diminuent le risque de transmission de 90%.

A noter que la césarienne prophylactique n’est pas nécessaire et que l’allaitement n’est pas contre-indiqué.

Il est conseillé de faire vacciner l’entourage direct de la patiente.