L’incontinence urinaire d’effort

L’incontinence urinaire d’effort concerne des millions de femmes qui souvent n’osent pas en parler à leur médecin et qui ne connaissent comme solution que le port de protections, plus ou moins confortables, largement vantées par les publicités télévisées et  la presse écrite. Or elles devraient savoir qu’une solution chirurgicale existe. Certes, la chirurgie a eu pendant longtemps dans cette indication une réputation mitigée car il s’agissait par le passé d’interventions relativement lourdes et qui ne donnaient pas toujours de bons résultats. Aujourd’hui, une intervention que l’on dénomme couramment TOT pour Transvaginal Obturative Tape ou plus précisément TVT-O pour «tension free vaginal tape par voie obturatrice» donne des résultats spectaculaires pour une rapidité d’intervention remarquable.

L’incontinence urinaire d’effort est due à l’hypermobilité de l’urètre dont les systèmes de soutien sont altérés. L’affaiblissement du plancher pelvien (tissu élastique du vagin et des muscles sous-jacents fermant la partie inférieure du bassin) peut entraîner un affaissement progressif de la vessie et de l’urètre : l’urètre est alors moins bien soutenu et ne se ferme plus parfaitement au moment de l’effort.

L’autre mécanisme en cause, moins fréquent, est un relâchement et un mauvais fonctionnement de la partie musculaire de l’urètre (muscle du sphincter urétral).

L’incontinence urinaire peut toucher les femmes de n’importe quel âge. Il est vrai que l’incontinence urinaire d’effort concerne surtout les femmes d’un certain âge mais elle n’est pas un élément normal du vieillissement. L’affaiblissement du plancher pelvien peut être dû : à l’accouchement, à la ménopause, à la carence en oestrogènes. Elle est aggravée par : l’obésité, la constipation chronique, la pratique excessive d’un sport, le port régulier de charges lourdes, le tabagisme.

Dérivé d’une technique plus ancienne appellée TVT (Tensionfree vaginal Tape), le TVT-O a été mis au point par un chirurgien français, Emmanuel Delorme qui a utilisé pour la première fois les orifices naturels du bassin (trous obturateurs) pour passer une bandelette synthétique placée sous la partie moyenne de l’urètre avec un trajet horizontal. Il s’agit d’une bandelette de polypropylène tricoté à larges mailles non résorbables qui sert de guide à un envahissement par de la fibrine produite naturellement lors de la cicatrisation et forme ainsi un plancher solide sur lequel l’urètre va venir s’appuyer lors des efforts.

Nous réalisons cette intervention sous anesthésie générale, mais en ambulatoire, c’est-à-dire avec une hospitalisation de quelques heures seulement.  Elle peut toutefois être faite sous anesthésie locale. Il n’y a pas de cicatrice visible. L’intervention dure 10 à 15 minutes et permet dans la plupart des cas d’obtenir une disparition définitive des fuites urinaires. Ci-dessus, on voit la partie gauche de la bandelette sortant de la peau au niveau du trou obturateur gauche. Au niveau de l’urètre, la bandelette ne doit pas être trop serrée et on laisse entre les deux l’espace de l’épaisseur d’une paire de ciseaux. La bandelette, en effet, ne sert pas à «remonter» quoi que ce soit, elle réalise simplement un «plancher» solide sur lequel vient s’écraser l’urètre lors des efforts. 

Voici le principe du TVT-O:

On met en place une bandelette en matériel bio-compatible non résorbable (polypropylène tricoté larges mailles) qui maintient l’urètre. La bandelette n’est pas fixée, elle se fixe elleme-même par colonisation de fibrine entre les mailles. Elle restera sans tension, telle un hamac, sous l’urètre, le soutenant ainsi

pendant l’effort afin d’empêcher toute fuite urinaire.

L’intervention qui se fait en ambulatoire est peu douloureuse. Dès la  sortie, on peut reprendre des activités normales, en évitant les efforts violents et le port de charges lourdes (supérieure à 5 kg).

Il faut éviter les bains pendant une dizaine de jours et  s’abstenir de relations sexuelles et d’activités sportives pendant trois à quatre semaines. Une consultation de contrôle est prévue quelques semainesaprès l’intervention.

Ci-dessus, on voit la partie gauche de la bandelette sortant de la peau au niveau du trou obturateur gauche. Au niveau de l’urètre, la bandelette ne doit pas être trop serrée et on laisse entre les deux l’espace de l’épaisseur d’une paire de ciseaux. La bandelette, en effet, ne sert pas à «remonter» quoi que ce soit, elle réalise simplement un «plancher» solite sur lequel vient s’écraser l’urètre lors des efforts. 

Dans la majorité des cas, l’intervention se déroule sans complication. Cependant, tout acte chirurgical

comporte un certain nombre de risques et de complications:

    – Des complications directement en relation avec l’intervention sont rares mais possibles :

        • Pendant l’intervention :

Les techniques récentes de passage de bandelette sont très sûres et les complications pendant l’intervention très rares (plaie de vessie, plaie de l’urètre, hémorragie, hématome).

        . Après l’intervention:

            -Infection : en cas d’infection urinaire, quelques jours d’antibiotiques permettent une guérison rapide. La bandelette étant très bien tolérée et intégrée dans l’organisme, le risque de son infection est exceptionnel.

            -Difficulté à uriner : il est habituel d’uriner avec un jet moins puissant après l’intervention. Parfois, ces difficultés importantes nécessitent de conserver une  sonde urinaire quelques jours supplémentaires ou de réaliser un sondage intermittent.

            -Envies fréquentes : il est parfois constaté après l’intervention des envies d’uriner plus fréquentes et plus urgentes. Ces anomalies disparaissent généralement en quelques jours ou semaines.

            -Sexualité : dès lors que l’incision du vagin est cicatrisée, l’intervention ne modifie pas la sexualité. 

            -Douleurs : l’intervention ne nécessitant pas de grande incision ou de gestes traumatisants, les douleurs sont généralement minimes, limitées aux quelques jours suivant l’intervention. Il est parfois possible de ressentir quelques douleurs comme des crampes à la racine des cuisses. Il sera exceptionnel de devoir retirer la bandelette.

            -Problème de cicatrisation : l’incision au niveau de la peau cicatrise en une dizaine de jours. Au niveau du vagin, des défauts de cicatrices sont parfois constatés. 

Existe t-il d’autres traitements?

• La thérapie comportementale, la rééducation du plancher pelvien : chez les femmes présentant une incontinence urinaire d’effort, la rééducation consiste en des exercices qui permettent de renforcer les muscles du plancher pelvien. Un médecin rééducateur, un kinésithérapeute spécialisé ou une sage-femme peuvent vous montrer des exercices à réaliser si possible tous les jours à votre domicile. Cependant, cette tonifocation du plancher pelvien, si elle peut permettre de bloquer occasionnellement une petite fuite, ne permet en aucun cas de guérir le problème, ce que seule la chirurgie permet.

• Aucun médicament n’est actuellement actif sur l’incontinence urinaire d’effort.

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