Le programme français de dépistage organisé propose de façon généralisée une mammographie tous les deux ans aux femmes de 50 à 74 ans, hormis celles présentant des prédispositions génétiques, pour qui la fréquence est annuelle et peut commencer plus tôt. Mais on estime que cet examen conduit dans 10 % à 20 % des cas à détecter des tumeurs qui n’auraient jamais évolué en cancer invasif du vivant de la femme (on parle alors de surdiagnostic) et, dans un petit nombre de cas, à développer un cancer induit par les radiations des mammographies.
Ces considérations ont récemment abouti à la mise au point d’un logiciel « expert » visant à estimer le risque de cancer du sein chez la femme à partir de 40 ans à l’aide d’un score de risque. Mis au point par la société Statlife ce logiciel baptisé Mammorisk s’appuie sur une analyse de données des déîstages américains et français. À partir de ce score, on peut définir à quelle fréquence la patiente devrait effectuer un examen clinique et une mammographie de dépistage. Ce score a été développé et validé à partir de cohortes de dépistage de cancer du sein: 1 million de femmes aux États-Unis entre 40-74 ans , 350 000 femmes en France de 50 et 74 ans. Ce test pourrait être proposé à partir de 40 ans.
Le modèle de risque utilisé par MammoRisk est basé sur l’évaluation, à partir d’une base dedonnées d’individus suivis dans le temps, des risques d’un individu par comparaison au devenir de ses voisins « les plus proches». Cette méthode vise à évaluer, sur un nombre de personnes dites voisines (mêmes caractéristiques: âge, antécédents familiaux…), combien d’entre elles sont susceptibles de développer unemaladie. Cette méthode flexible peut s’adapter à toutes les bases de données et remplace lesmodèles mathématiques complexes et opaques utilisés jusque-là.
Les éléments du score « mammorisk »
1-La densité mammaire
Les femmes avec une densité mammaire importante sont à risque plus élevé de cancer du sein : les femmes avec la densité la plus élevée ont 4 à 6 fois plus de risque de cancer du sein que les femmes dont les seins sont presque entièrement constitués de tissu adipeux.
La densité mammaire diminue avec l’âge, mais certains facteurs de risque de cancer du sein sont aussi associés à la densité mammaire : la densité mammaire est plus élevée chez les femmes n’ayant pas d’enfants, une première grossesse tardive, une consommation d’alcool élevée, ou un indice de masse corporelle (en post-ménopause) important.
Dans le but de diminuer l’élément subjectif de l’estimation de cette densité mammaire, DenseeMammo, est un logiciel développé par Prédilife et qui permet une évaluation automatique de la densité mammaire à partir d’une mammographie.
2-Le score polygénique (PRS)
Le PRS est le résultat d’un test génétique réalisé à partir d’un test salivaire.. Le PRS résulte de la combinaison de plusieurs SNPs (Single Nucleotide Polymorphism) dans un score de risque polygénique. Alors que le risque associé à un SNP individuel est faible, le fait de combiner plusieurs SNPs dans un score de risque polygénique augmente la puissance de l’association. Les PRS sont statistiquement indépendants des facteurs de risque cliniques établis.
La complémentarité des SNPs pour prédire le risque de cancer du sein, par rapport à d’autres facteurs de risque de cancer du sein telle que la densité mammaire ou de l’histoire reproductive est maintenant démontrée. Les combinaisons de modèles de risques incluant variables cliniques classiques + densité mammaire + PRS sont utilisées pour estimer plus précisément le risque populationnel. Cela permet d’affiner et de mieux discriminer les groupes à risque élevé et faible.
3-Questionnaire de données cliniques
Les antécédents familiaux
La présence d’antécédents familiaux de cancer du sein est un des facteurs majeurs de risque de cancer du sein, d’autant plus si le cancer du sein a été diagnostiqué à un âge jeune chez des membres de la famille. Près de 20 à 30 % des cancers du sein se manifestent chez des femmes ayant des antécédents familiaux de cancers du sein, c’est-à-dire plusieurs cas de cancer du sein dans la même famille.
L’âge de la patiente :
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment observé chez les femmes en France, comme dans l’Union européenne et aux États-Unis. Le nombre de cas observés chaque année a tendance à diminuer depuis 2005, même si cette maladie reste la première cause de décès par cancer chez les femmes en 2012. S’il est dépisté à un stade précoce, ce cancer peut être guéri dans 9 cas sur 10.
Antécédents de biopsie
Les antécédents personnels de biopsie mammaire sont associés à un sur-risque de cancer du sein. Mais en réalité, la biopsie n’est pas un facteur de risque en soi, mais plutôt un marqueur de risque. Cet examen peut être réalisé en cas de suspicion d’une anomalie ou d’une lésion au niveau du sein.
Mammorisk pour qui?
Pour les femmes à partir de 40 ans.
Conclusions du test
À l’issu du test, MammoRisk® établit un compte-rendu clair et précis permettant une estimation du risque absolu de cancer du sein à 5 ans, c’est-à-dire la probabilité de développer un cancer du sein invasif dans un intervalle de 5 ans.
Sur la base du risque estimé (chiffré et illustré par des graphiques), MammoRisk propose automatiquement un programme de suivi personnalisé établi à partir des recommandations officielles de santé publique. Il s’inscrit facilement dans le protocole d’une mammographie classique. Son installation est extrêmement rapide, il suffit seulement d’un ordinateur et d’une prise réseau. La patiente doit simplement répondre à un questionnaire de 4 questions simples qui peut être partagé aisément avec la patiente et les médecins. Cette simplicité d’utilisation permet à MammoRisk de s’intégrer dans différents systèmes de soin, en Europe et aux Etats-Unis.
À partir de cette estimation, le médecin pourra établir dans le cadre d’une décision partagée avec sa patiente, un programme de dépistage personnalisé. Par exemple en cas de risue trouvé élevé il sera recommandé un examen clinique annuel et une mammographie annuelle (+/- échographie selon la densité mammaire) sont recommandés selon les recommandations internationales (dès ce niveau de risque atteint ou dès l’âge de 40 ans).