Infection bactérienne due à Listeria Monocytogenes, la listériose est autant bénigne pour la femme enceinte qu’elle est redoutable pour le fœtus. Sa fréquence, qui est difficile à établir, se situerait aux alentours de 5 pour mille.
Listeria monocytogenes est un petit bacille très résistant et qui est extrêmement répandu dans le milieu extérieur : sol, plantes. Ainsi se contaminent de nombreuses espèces d’animaux. Sur un fond endémique surviennent des phases épidémiques.
La contamination humaine se fait à partir du sol :
— soit par l’inhalation des poussières ;
— soit surtout, par voie digestive : ingestion de viande d’animaux atteints, d’aliments souillés, mains mal lavées, etc…) ;
— exceptionnellement, une contamination inter-humaine est possible à partir de porteurs sains ou par voie sexuellement transmissible.
La contamination du fœtus est possible de deux manières : soit par voie hématogène transplacentaire : à la suite d’une bactériémie maternelle se forment des micro abcès placentaires, puis une atteinte fœtale. Les germes peuvent passer dans le liquide amniotique par les urines, puis être à nouveau déglutis par le fœtus. Soit par voie endométriale : l’infection maternelle crée une endométrite listérienne, à partir de laquelle le placenta puis les membranes et le liquide amniotique sont contaminés, puis de là, le fœtus.
La fièvre est le signe essentiel et ne doit pas être négligée. Elle peut être isolée ou associée à de petits signes évoquant un syndrome grippal : céphalées, arthralgies, rhino-pharyngite.
Donc, toute fièvre ou syndrome grippal chez une femme enceinte doit faire craindre la possibilité d’une listériose.
En l’absence de traitement,
La listériose peut être dangereuse. Il peut s’agir :
-au premier trimestre d’une fausse couche spontanée précoce ;
-au deuxième trimestre d’une fausse couche tardive ;
-au troisième trimestre la listériose entraîne 20% de mort in utero et 14% d’enfants morts nés; 40% des enfants sont infectés mais viables et 25% sont indemnes.
Le diagnostic est essentiellement bactériologique, la sérologie n’étant pas fiable.
Toute fièvre chez la femme enceinte nécessite des hémocultures et doit imposer le traitement, avant d’avoir les résultats et sans vérifier l’existence d’une atteinte fœtale. L’hémoculture doit être réalisée chez la femme enceinte devant tout épisode fébrile mal étiqueté, même bref. Les sérologies maternelles n’ont pas d’intérêt.
En cas de forte suspicion, la recherche du germe peut aussi être faite sur le liquide amniotique prélevé par amniocentèse.
Pour les raisons qui précèdent, en cas de fièvre pendant la grossesse, le traitement antibiotique doit être systématique après la réalisation des hémocultures. C’est une antibiothérapie orale par Amoxicilline, 3g/jour pendant 10 jours. Si le diagnostic de listériose est confirmé par les hémocultures le traitement par Amoxicilline est prolongé à la dose de 3 à 6g/j pendant 4 semaines et pour certains jusqu’à l’accouchement. Certains adjoignent un aminoside pendant 5 jours (Gentamicyne 3mg/kg et par jour en IV). En cas d’allergie à la pénicilline on peut utiliser l’Erythromycine ou le Bactrim®.
Une guérison clinique rapide avec rythme cardiaque fœtal parfait chez une femme à distance du terme fait parfois discuter la poursuite de la grossesse.
Dans tous les autres cas, il faut faire naître l’enfant dans les plus brefs délais. La déclaration aux autorités sanitaires est obligatoire.
La prévention enfin est difficile en raison de la grande ubiquité du germe. Il est cependant utile de conseiller aux femmes enceintes d’éviter la consommation de produits fermiers non pasteurisés (lait, fromages, etc…).
Si l’on veut entrer dans les détails, on doit conseiller d’éviter la consommation des produits de charcuterie en gelée, des rillettes, des pâtés, du foie gras, des fromages au lait crû, des poissons fumés, coquillages crus, surimi, tarama, graines germées crues, la salade de choux…Eviter d’une façon générale les produits achetés aux rayons « traiteur ». Il est recommandé de bien cuire les aliments d’origine animale, d’enlever la croûte des fromages et de laver soigneusement les légumes et les herbes aromatiques. Il faut conserver les aliments crus séparément des aliments cuits ou à consommer en l’état. Les produits préemballés sont à préférer aux produits achetés à la coupe, ces derniers devant dans tous les cas être consommés rapidement après leur achat. Les règles habituelles d’hygiène doivent être particulièrement respectées :
– réchauffer soigneusement les restes alimentaires et les plats cuisinés avant consommation immédiate ;
– nettoyer fréquemment le réfrigérateur et le désinfecter ensuite avec de l’eau javellisée ;
– s’assurer que la température du réfrigérateur est suffisamment basse (4°C) ;
– respecter les dates limites de consommation ;
– après la manipulation d’aliments non cuits, se laver les mains et nettoyer les ustensiles de cuisine qui ont été en contact avec ces aliments.
Pour le nouveau-né, en cas de listériose maternelle prouvée: hémocultures, prélèvements gastrique méconial cutané et éventuellement ponction lombaire.
La Listériose est une maladie à déclaration obligatoire.