La contraception représente l’ensemble des méthodes destinées à éviter les grossesses non désirées et par voie de conséquence les avortements volontaires.
Une méthode contraceptive se doit de remplir le mieux possible les conditions suivantes :
-efficacité : l’efficacité s’exprime par l’indice de Pearl, c’est-à-dire le pourcentage de grossesses (d’échec) par « année-femme ». Une « année-femme correspond à 12 cycles d’exposition à la grossesse (ce qui ne fait pas tout-à-fait un an). Un indice de Pearl de l’ordre de 1 à 2% correspond à une méthode considérée comme efficace (= une grossesse pour 100 années-femmes d’exposition à le grossesse) ;
-acceptabilité ;
-innocuité = sans danger pour la santé ;
-et réversibilité, c’est-à-dire la possibilité d’avoir une grossesse si on le souhaite après l’arrêt de la méthode. En cela, la contraception s’oppose à la stérilisation qui est définitive.
Les méthodes contraceptives sont nombreuses et on les classe par grandes familles selon leur mode d’action :
Les méthodes naturelles
Leur efficacité est variable mais bien souvent très insuffisante.
-coït interropu ou retrait ;
-méthodes basées sur l’observation du cyle :
-méthode des températures ;
-utilisation de tests d’ovulation ;
-observation de la glaire (méthode Billings);
-l’allaitement maternel;
-la méthode Ogino pour des cycles réguliers (absence de rapports entre 8 et 17 jours après le début de règles.
Les méthodes « barrières »
A-Les préservatifs
Le préservatif ou condom ou capote (anglaise) est un étui mince et souple, imperméable au sang, fabriqué en latex ou en polyuréthane. Il protège également des infections sexuellement transmissibles.
B-Les spermicides
Ils agissent en détruisant les spermatozoïdes. Certains spermicides comme le Chlorure de Benzalkonium classiquement utilisé dans cette indication peuvent aussi avoir une action antiseptique sans toutefois avoir une action démontrée contre les maladies sexuellement transmissibles.
Le spermicide peut se présenter sous plusieurs formes : crèmes, ovules, éponges/tampons. Il doit être introduit dans le vagin avant tout rapport sexuel.
Le délai d’action des spermicides diffère selon le spermicide choisi. Il peut être immédiat sous les formes d’éponge ou de crème, et différé pour les formes présentées en ovules le temps que le produit se disperse (5 à 10 minutes).
C-Les diaphragmes
Le diaphragme (en latex ou en silicone) est une protection qui se glisse dans le vagin, au contact du col de l’utérus, pour empêcher le passage des spermatozoïdes vers l’intérieur de l’utérus. Son emploi est très discret et il est sous le contrôle de la femme, puisqu’il peut être inséré avant les rapports sexuels (jusqu’à 2 heures avant).En pratique, l’efficacité du diaphragme est équivalente à celle d’un préservatif. Pour bien l’utiliser : porter le diaphragme lors de chaque rapport, toujours l’utiliser avec du gel contraceptif ou spermicide, vérifier que le col de l’utérus est bien recouvert par la coupelle lors de l’insertion, et le retirer 6 heures après le dernier rapport sexuel (il peut être gardé jusqu’à 24 h).
D-Le préservatif féminin
C’est une sorte de gaine, en nitrile ou en polyuréthane, munie d’un anneau souple à chacune de ses extrémités. Il se place à l’intérieur du vagin. Le préservatif féminin, qui existe déjà depuis 1998, offre de nombreux avantages. Facile à poser, agréable à l’usage, ce contraceptif est une vraie alternative au préservatif masculin et protège des infections sexuellement transmissibles (IST). On peut l’insérer dans le vagin plusieurs heures avant le rapport sexuel. Il permet à la femme de maîtriser sa sexualité et de ne pas dépendre de son partenaire pour se protéger.
La contraception hormonale féminine
A-La contraception orale: voir le chapitre: « la pilule ».
B-Les implants
On dispose aujourd’hui du Nexplanon ®, petit bâtonnet non biodégradable inséré sous la peau) et qui renferme un progestatif, l’Etonogestrel.
Il est utilisé comme contraception d’action prolongée (3 ans) : le progestatif est libéré progressivement dans le sang et permet de bloquer l’ovulation et modifier la glaire cervicale tant que l’implant est présent dans l’organisme. Les études disponibles montrent une efficacité contraceptive de 100 % au cours des deux premières années de pose. On le change tous les trois ans voire deux ans chez les obèses. La pose est aisée après une petite anesthésie de la peau par exemple par une crème type Emla ®. Le principal inconvénient est le risque de saignements plus ou moins gênants qui peuvent amener à son retrait. Lorsque tout va bien il n’y a pas de règles (ce qui est un avantage).
C-Les progestatifs injectables
Il s’agit d’injections de Medroxyprogestérone à faire tous les trois mois. C’est une méthode peu utilisée, donnant fréquemment des saignements.
D-Les patchs
On dispose du patc Evra ®. C’est un dispositif transdermique contenant de l’Ethinylestradiol et de la Norelgestromine qui se change toutes les semaines avec un arrêt une semaine sur quatre, un peu comme la pilule, mais il s’agit là d’une contraception de moyenne durée. Les contre-indications sont les mêmes que pour la pilule estroprogestative.
E-L’anneau vaginal
C’est le Nuvaring ®. Il s’agit d’un anneau vaginal libérant pendant trois semaines de l’Ethinylestradiol et de l’Etonogestrel. La femme peut elle-même le mettre en place dans le vagin en choisissant la position lui paraissant la plus confortable, par exemple debout avec une jambe relevée, accroupie ou couchée. L’anneau doit être pincé et inséré dans le vagin jusqu’à ce qu’aucune gêne ne soit perçue. L’effet contraceptif de l’anneau est assuré quelle que soit sa place dans le vagin.
Une fois inséré dans le vagin, il est laissé en place sans interruption pendant 3 semaines. Il doit être retiré après 3 semaines d’utilisation, le même jour de la semaine que celui où il a été inséré.
Après une période d’une semaine sans anneau, un nouvel anneau est inséré. Il peut être retiré soit en passant l’index sous l’anneau, soit en le saisissant entre l’index et le majeur.
Les dispositifs intra-utérins (stérilets)
Voir le chapitre: stérilets.
La contraception d’urgence:
voir ce chapitre.
Le choix d’une contraception
La contraception ne doit pas être imposée. Le rôle du médecin doit être de la proposer, d’informer et d’en faire respecter les éventuelles contre-indications. C’est à la femme (ou au couple) que doit revenir la décision et le choix d’une méthode.
Les résistances à la contraception
De par ses implications sur la population, la contraception est un enjeu philosophique, religieux et politique majeur, fortement sujet à polémiques.
La contraception a longtemps été considérée comme indésirable, et parfois interdite, chaque humain supplémentaire étant considéré comme une richesse et les rapports sexuels en tant que plaisir étant considérés parfois comme honteux et réprimables. Au XXe siècle, les mouvements de libération sexuelle occidentaux ont fait évoluer cette perception. La contraception est maintenant souvent perçue comme un moyen de maîtrise individuelle de la fécondité et de la reproduction permettant l’épanouissement individuel.
Certaines religions refusent l’usage de la contraception. N’oublions pas qu’en France par exemple, la precription médicale et la promotion de la contraception était légalement interdite jusqu’en 1967. Par la suite, le développement de la contraception a été est allé de pair avec une certaine libération des femmes leur donnant une maîtrise de la fécondité qui était auparavant plus contrôlée par les hommes. Tout ce poids historique et culturel, ajouté à une certaine méconnaissance (y compris parmi le corps médical) du fonctionnement des traitements hormonaux, méconnaissance qui a été entretenue par certaines affaires comme celle de la Thalidomide ou par les effets négatifs évidents de certaines classes de progestatifs de synthèse, font qu’il existe un peu partout une certaine réticence aux traitement hormonaux en général et à la contraception orale en particulier.
Tableau récapitulatif des différentes méthodes contraceptives:
Classement des méthodes en fonction du critère «efficacité»: