La contraception d’urgence, dite aussi contraception post-coïtale ou contraception du lendemain, se définit comme une méthode, utilisée après un rapport sexuel, dans le but de prévenir une grossesse.
Mécanismes d’action
La contraception post-coïtale peut agir soit:
-en inhibant ou en interrompant l’ovulation;
-en interférant avec la fécondation ou le transport de l’embryon vers l’utérus;
-en inhibant l’implantation de l’œuf au niveau de l’endomètre.
La plupart des méthodes ne permettent pas d’éliminer un œuf déjà implanté et ne peuvent donc espérer être efficaces que dans un délai inférieur à 72 heures après le rapport.
On peut distinguer:
1-La méthode de Yuzpe à base d’oestroprogestatifs
Elle consiste à prendre 2 comprimés contenant chacun 50 microgrammes d’éthinyl-oestradiol et 0,5 mg de lévonorgestrel, dose qui sera répétée 12 heures plus tard. Cette méthode doit être commencée dans les 72 heures qui suivent le rapport non protégé. Il peut s’agir de comprimés de Stédiril® ou plus récemment de Tétragynon® dont la présentation est adaptée à l’indication et dispose de l’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché).
L’efficacité est probablement supérieure à 75%. Les principaux effets secondaires sont les nausées, voire les vomissements. Il n’existe pas de contre-indication absolue à cette méthode et il n’y a pas d’effet tératogène à craindre en cas de grossesse.
2-Les progestatifs seuls: Norlevo®
Il s’agit de la prise de 1 comprimé de 0,75mg de lévonorgestrel (Norlevo®), à prendre dans les 72 heures suivant le rapport, mais idéalement dans les 12 premières heures. L’efficacité serait légèrement supérieure à la méthode de Yuzpe pour des effets secondaires moindres. Son efficacité varie de 58 à 95 % selon le délai entre le rapport sexuel et la prise du comprimé : plus cette contraception est mise en place tôt, plus elle est efficace. En cas de vomissements dans les trois heures suivant la prise, un second comprimé doit être pris.Le lévonorgestrel est un progestatif de synthèse. Il retarde l’ovulation et perturbe la nidation de l’œuf éventuel. Une contraception mécanique (préservatif, diaphragme, cape) doit être mise en œuvre jusqu’aux règles suivantes. En l’absence de règles cinq à sept jours après la date attendue, il est indispensable d’effectuer un test de grossesse.
De plus, de nouvelles données cliniques ont montré que l’efficacité du lévonorgestrel est réduite chez les femmes dont le poids est supérieur ou égal à 75 kg, et qu’il n’est plus efficace chez les femmes dont le poids est supérieur à 80 kg. Les femmes pesant plus de 80 kg doivent donc utiliser une autre méthode de contraception d’urgence : ulipristal ou dispositif intra-utérin.
La prise de lévonorgestrel s’accompagne souvent de nausées et de vomissements.
3-EllaOne®: c’est la dernière née des «pilules du lendemain». C’est de l’Ulipristal acetate. Elle peut être prise pendant 5 jours après le rapport. Elle bloque l’ovulation pendant 5 jours, mais, comme le Norlevo®, plus elle est prise tôt, plus elle sera efficace. On considère que si elle est prise dans les 24 heures elle divise le risque de grossesse par 6.
L’ulipristal est une substance qui, en se liant aux récepteurs à la progestérone, interfère avec l’ovulation. Il doit être utilisé le plus tôt possible après le rapport sexuel non protégé et au plus tard dans les cinq jours qui suivent. Sa prise est susceptible de réduire l’action d’une contraception hormonale régulière (pilule). Il est donc recommandé d’utiliser une méthode de contraception mécanique (préservatifs) jusqu’aux règles suivantes. Son efficacité est incomplète et varie entre 73 et 85 % selon les études. En cas de retard des règles de plus de sept jours après la date attendue, il est indispensable d’effectuer un test de grossesse.
Les effets indésirables de l’ulipristal les plus fréquents sont des maux de tête, des nausées, des douleurs abdominales et des règles douloureuses.
4-Le stérilet du lendemain
L’insertion d’un stérilet est également possible avec un taux d’échec inférieur à 1%. Il doit être posé dans les cinq jours suivant le rapport sexuel, avant le moment théorique de l’implantation de l’œuf (jusqu’à 7 jours avant la date prévue des règles). Contrairement à une idée reçue qui reste tenace, le fait de n’avoir pas eu d’enfant (nulliparité) ne constitue pas une contre-indication au stérilet.
En conclusion, il existe aujourd’hui des méthodes de contraception d’urgence efficaces et bien tolérées. Elles restent cependant largement méconnues. L’information de son existence même, de ses modalités pratiques et de ses performances a encore besoin d’être largement médiatisée, afin d’éviter quelques milliers d’IVG annuelles, notamment chez les jeunes. Leur efficacité n’est cependant pas garantie à 100%, aussi est-il conseillé d’utiliser un moyen contraceptif local jusqu’au retour des règles. En cas de retard de règles, une test de grossesse doit être réalisé.