La prescription d’une contraception étant un acte fréquent, la question du choix d’une contraception hormonale, si ce type de contraception est choisi, se pose quotidiennement. Or, devant la multiplicité des produits mis sur le marché, devant des publicité parfois dénuées de fondement scientifique, devant des intérêts commerciaux, et maintenant devant la polémique actuelle sur les pilules de certaines génération, le grand public et les médecins sont totalement désorientés.
Il existe de nombreuses marques de pilule. La plupart sont assez comparable entre elles et leurs différence supposées proviennent bien souvent essentiellement de la publicité des laboratoires pharmaceutiques. Ensuite, une certaine pensée unique régnant en matière d’hormonologie (du genre « les hormones c’est dangereux, donc moins on en met, mieux c’est », message inexact mais facile à faire passer), on a assisté ces dernières années à une réduction des doses et à la disparition de certaines pilules à climat estrogénique, ce qui est regrettable. Les femmes étant différentes, on a besoin de pilules différentes capables de s’adapter au « climat » de chaque femme ce qui est de moins en moins le cas.
Les pilules peuvent en effet être classées selon des critères très variés, sans relation les uns avec les autres. Il faut donc savoir quels sont les critères les plus utiles et lesquels on veux prendre en compte en fonction des femmes.
LES CRITÈRES DE CLASSIFICATION
On peut classer les pilules selon les critères suivant dont l’interet est variable:
-Selon le schéma: mono, bi ou triphasiques. Cette classification s’est avérée de peu d’interet, et le plus souvent les pilules monophasiques donnent satisfaction.
-Selon le type de prise: continue ou discontinue.
-Selon la durée du principe actif: 21/28, 24/28, continue.
-Selon la durée d’action:
-au jour le jour (pilule);
-hebdomadaire (patchs);
-mensuelle (anneaux);
-trimestrielle (intramusculaire);
-pluri-annuelle (Stérilets, implants);
-et la contraception d’urgence.
-Selon la voie d’administration: orale, transcutanée, vaginale, sous-cutanée, intramusculaire.
-Selon des critères de remboursement: remboursée ou non!
-Classification selon la nature de l’estrogène: la plupart des pilules contiennent de l’ethinylestradiol mais il existe maintenant des pilules à estrogènes naturels (ou assimilés): estradiol, valérate d’estradiol.
-Classification selon le dosage de l’éthinylestradiol:
-Pilules fortement dosées: >50µg
-Pilules «normodosées»: de 30 à 50µg
-Pilules minidosées: 15 à 20µg
-Une classification selon le «climat» dont il est regrettable qu’elle soit passée de mode au profit de notions de dosage ou de génération. Les femmes se caractérisent en effet par un climat hormonal dominant, qui peut être estrogénique, mixte, progestatif ou androgénique. Il eut été judicieux de trouver sur le marché différentes pilules répondant à ces critères, ce qui existait autrefois. Malheureusement la dictature du minidosage a gommé ce type de différence de pilules et les pilules actuelles ont surtout tendance à toutes se ressembler…
-Classification selon le type de progestatif: c’est la notion de génération qui pour nous a été créée plus pour des raisons de marketting que pour de sérieuses raisons médicales. Comme elle est très utilisée aujourd’hui, nous la reprendrons également.
Normodosée, minidosée, microdosée, monophasique, biphasique, triphasique, séquentielle, en continu… Il existe aujourd’hui plus de cinquante pilules différentes. Comment ne pas se perdre dans la jungle des différents types de pilules ? En premier lieu quand on parle de pilule, il s’agit de la pilule estroprogestative, une pilule avec 2 hormones, un estrogène et un progestatif. Le progestatif est à l’origine de l’action contraceptive en bloquant l’ovulation et en modifiant l’endomètre et la glaire cervicale. Les progestatifs de 1ère, 2ème et 3ème générations sont tous dérivés de la testostérone, une hormone mâle. Les différentes générations ont permis de baisser les doses mais gardaient un certain nombre d’effets indésirables liés à leur caractère légèrement androgène, comme par exemple l’apparition d’acné ou de cheveux gras
CLASSIFICATION «GÉNÉRATIONNELLE» DES CONTRACEPTIFS ORAUX
Signalons également:
-Drovelis: pilule combinée associant un estrogène, l’estétrol (dosé à 14,2mg), et la drospirenone (3mg) comme progestatif, se présentant sous la forme de 24 comprimés actifs (roses) et 4 comprimés inactifs (placébo). Non remboursé par la S.S.
-Slinda: pilule microprogestative à la drospirenone (4mg). Non remboursé par la S.S.
A cette classification s’ajoute pour chaque catégorie de pilule, des pilules sans nom commercial, appelées «générique DCI» qui reprennent simplement sur la boite la formule du produit.
AUTRES VOIES D’ADMINISTRATION
1-La voie transdermique : Il s’agit d’une contraception hormonale utilisant des patchs (timbres ou des dispositifs transdermiques) libérant dans la circulation générale, à travers de la peau, de composantes œstro-progestatives à action contraceptive ; en effet, ces patchs libèrent deux composantes :20 microgrammes d’ethinylestradiol par jour et 150 microgrammes de Noregestromine (Evra patch®)
2-La voie transvaginale : Nuvaring® (Ethinylestradiol et Etonorgestrel).
A PROPOS DES PILULES DE TROISIÈME GÉNÉRATION
Les pilules de troisième génération sont suspectées d’augmenter très légèrement le risque thrombo-embolique. En fait ce risque existe, bien que très faible pour toutes les pilules et la vraie question est de bien respecter les contre-indications, même relatives de la pilule. Or, précisément ces pilules dites de troisième génération, qui ont été présentées à leur sortie comme moins agressives, ont été plus volontiers prescrites chez des femmes avec des indication limites à la pilule. Il s’agit de ce qu’on appelle un biais d’appréciation. Il y en a d’autre que nous ne pouvons détailler ici. On retiendra que la polémique actuelle à permis de justifier le déremboursement de ces pilules. Deux millions et demi de femmes prennent actuellement des pilules de 3e et 4e génération, soit la moitié des femmes sous pilule en France, une prescription jugée excessive par les autorités sanitaires françaises. Or, il n’y a actuellement aucune nouvelle preuve suggérant un changement dans le profil de sécurité connu des pilules combinées commercialisées actuellement. Il n’y a de ce fait aucune raison que les femmes arrêtent leur contraception selon l’EMA (European Medicines Agency), basée à Londres.
On retiendra que le risque de thrombose, selon les chiffres plus ou moins admis actuellement, est de:
-1 femme pour 10 000 femmes non utilisatrices de pilules ;
-2 femmes pour 10 000 utilisatrices de contraceptif oral combiné à base de lévonorgestrel (2ème génération) ;
-3 à 4 femmes pour 10 000 utilisatrices à base de désogestrel ou de gestodène (3ème génération) ou à base de drospirénone;
-6 femmes sur 10000 au cours de la grossesse….
Cela pour le risque de thrombose. Et faut-il rappeler qu’en France, actuellement, la mortalité maternelle est de 70 à 75 femmes par an pour 830000 accouchements.
Mais au delà des risques accrus présentés par certains contraceptifs, les études montrent l’importance des facteurs de risques annexes dans la survenue d’un accident. Il s’agit du poids, le tabac et les antécédents familiaux. Et c’est plus volontiers à ces femmes qu’ont été prescrites, préférentiellement, les pilules de 3ème génération. Rappelons également qu’on estime que le tabac tue chaque année 600 femmes de moins de 45 ans, et surtout ce qui est souvent oublié, les nombreux avantages de la pilule.