Les papillomavirus humains constituent un groupe de virus appartenant à la famille des Papillomaviridae. Ils sont responsables de proliférations cutanéo-muqueuses le plus souvent bénignes mais parfois à potentiel malin.
Ils constituent une famille nombreuse puisque près de 200 types viraux ont été identifiés à ce jour dans l’espèce humaine et que l’on peut classer en deux grandes catégories :
-Les HPV responsables de lésions bénignes comme les condylomes, localisés au niveau des parties génitales externes et de l’anus. On parle de virus à bas risque oncogène (bas risque de cancer).
-Les HPV associés au développement de lésions précancéreuses et cancéreuses, en particulier du col utérin, du vagin, de la vulve et de l’anus. Il s’agit des papillomavirus à haut risque oncogène (haut risque de cancer).
Les co-infections avec plusieurs types d’HPV ne sont pas rares puisqu’elles représentent 20à 30% des cas et peuvent associer des types à haut risque avec des types à bas risque.
Les HPV ont un tropisme préférentiel pour les kératinocytes avec une spécificité pour certains sites anatomiques. Par exemple HPV-1 est associé aux verrues plantaires et ne s’observe que dans les épithéliums hyperkératinisés de la paume et de la plante des pieds. A l’inverse, HPV-16 se voit sur le col utérin et n’affecte jamais la plante des pieds. Le tableau ci-après résume le tropisme particulier des principaux virus :
Remarques
-Les verrues plantaires sont spécifiquement liées à HPV-1.
-L’épidermodysplasie verruciforme, également appelée syndrome de Lutz-Lewandowsky est une affection cutanée rare d’origine génétique qui se caractérise par une sensibilité anormale du revêtement cutané aux papillomavirus. L’affection commence habituellement entre 4 et 8 ans, le plus souvent avant l’âge de 20 ansmais peut exceptionnellement apparaitre plus tardivement, et dure tout le reste de la vie. Elle se traduit par l’apparition de macules squameuses et de papules d’évolution parfois exubérante, pseudo-tumorale, essentiellement au niveau des mains et des pieds. Les types de virus responsables se retrouvent chez 80 % des sujets d’une population normale qui reste asymptomatique. Parmi les types viraux impliqués, les 5,8,14,17,20 et 47 peuvent évoluer vers un cancer cutané. On dénombre environ 200 personnes atteintes de cette affection cutanée, également appelée « la maladie de l’homme-arbre » :
– La tumeur de Buschke Lownestein est un condylome acuminé géant caractérisé par son potentiel dégénératif et son caractère envahissant et récidivant après traitement. C’est une affection rare, de déterminisme viral transmise essentiellement par voie sexuelle :
-la maladie de Bowen, est un cancer cutané in situ, survenant volontiers après 50 ou 60 ans. L’aspect est une plaque rouge, irrégulière, recouverte de fines squames. La lésion s’élargit lentement. Les localisations sont multiples dans un tiers des cas. Le risque de transformation en cancer spinocellulaire infiltrant est de 3 à 5 %.
-Concernant les vaccins anti-HPV, on rappelle les cibles limitées de ces vaccins :
-Gardasil® : HPV-6,11,16,18
-Cervarix® : HPV-16,18
– Gardasil 9® : HPV-6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52, 58.
-Le HPV-16 est responsable de 50% des cancers du col aussi est-il d’usage de distinguer les principaux virus HPV en fonction de leur pouvoir oncogène :
Transmission des virus HPV
A-Concernant tous les virus HPV
Il existe trois modalités de transmission (mais jamais par voie sanguine):
-par contact direct, notamment par voie sexuelle (rapports oraux et anaux) ;
-indirectement par l’intermédiaire d’objets contaminés (linge, bain, sol des piscines,etc 😉 en raison de la forte résistance de la capside de ces virus au milieu extérieur, à la congélation, à la dessication ;
-de la mère à l’enfant lors de l’accouchement voire in utero, des cas de passages transplacentaires ayant été décrits.
B-Mode de transmission des virus HPV-16 et 18
La transmission est sexuelle et dépend du nombre de partenaires, de la précocité des premiers rapports, du type de rapports, etc. L’utilisation de préservatifs permet de réduire le risque de contamination mais ne l’empêche pas totalement, les virus étant présents sur la peau autour de la région génitale et se transmettant par contact.
Histoire naturelle de l’infection à HPV : du premier contact du virus à la cancérisation
80% des femmes sexuellement actives rencontrent un HPV au cours de leur vie. 70% des infections virales disparaissent spontanément au bout d’un an, et 90% au bout de 3 ans. Pour les autres, la persistance de l’infection histologiques et va être favorisée par un âge avancé, un terrain immunodéprimé, une charge virale importante, le tabagisme (avec un effet temps et un effet dose), un groupe HLA particulier. C’est la persistance de l’infection qui va, chez certaines personnes et pour certains types de virus, provoquer des lésions intra-épithéliales de bas grade qui pourront soit guérie spontanément, soit conduire à des lésions de haut grade précancéreuses qui elles-mêmes pourront régresser ou évoluer vers un cancer. On notera la lenteur de cette évolution qui s’étend en général sur 10 à 20 ans. C’est en raison de ces notions évolutives que la pratique des frottis cervicaux de dépistage n’est pas recommandée avant 25 ans afin d’éviter des interventions inutiles sur des lésions guérissant le plus souvent spontanément.
Si l’infection par un HPV à haut risque est une condition nécessaire au développement d’une lésion précancéreuse puis d’un cancer génital, elle n’est pas suffisante, vu qu’elle guérit souvent spontanément et que le cancer n’en est qu’une conséquence rare. Une évolution péjorative dépend de facteurs viraux (variation du potentiel oncogène), de facteurs environnementaux et de facteurs (incomplètement identifiés) liés à l’hôte (comme le tabac et des facteurs génétiques).