Le ganglion sentinelle

Le traitement chirurgical du cancer du sein repose sur l’ablation de la tumeur primitive ainsi que sur l’ablation des ganglions situés dans l’aisselle du même côté. L’ablation et l’analyse de ces ganglions permettent d’une part, le contrôle local de la maladie (sein et région de l’aisselle), et d’autre part, de déterminer le stade du cancer. Les résultats d’analyse de ces ganglions permettent de déterminer le type de traitement complémentaire éventuel à administrer après l’intervention. 

Or, le curage axillaire peut avoir des conséquences désagréables. Il peut entraîner une diminution de la sensibilité du toucher ainsi que des douleurs dans la partie supérieure du bras du côté opéré. Il peut aussi entraîner une réduction de la fonction de l’articulation de l’épaule ou un lymphoedème du bras (« gros bras »). Ces manifestations peuvent être dans certains cas définitives. Par ailleurs, il est apparu  que 60% des femmes porteuses d’un cancer invasif n’ont aucune atteinte ganglionnaire et c’est le cas de 80% des cancers de moins de 2cm. Pour toutes ces femmes, le curage axillaire s’avère, à postériori, inutile ; on dans la technique classique, elle ont toutes un curage.

Le ganglion sentinelle est le premier ganglion recevant le drainage lymphatique d’une tumeur. La technique de la biopsie du ganglion sentinelle  a pour objectif l’identification de ce(s) ganglion(s) par injection d’un colorant et/ou d’un colloïde radioactif, et son exérèse pour étude anatomopathologique. Dans la prise en charge du cancer du sein, son intérêt est d’éviter un curage axillaire chez les patientes qui n’ont pas d’atteinte ganglionnaire. Ceci pourrait concerner jusqu’à 70 % des patientes présentant une tumeur de moins de 3 cm. Cette technique permet de focaliser l’analyse histopathologique sur un petit nombre de ganglions.

Dans le contexte du dépistage généralisé du cancer du sein, les tumeurs de petite taille avec un risque d’envahissement ganglionnaire faible vont être diagnostiquées plus fréquemment. La technique du GS s’adressera particulièrement à ces patientes permettant d’éviter un curage axillaire complet pour toutes celles dont le ganglion sentinelle est négatif.

Cette technique ne s’applique pas à tous les cas ; il y a des critères d’exclusion :

En vue de son ablation le ganglion est repéré par deux méthodes qu’il est bon d’associer :

-Une méthode isotopique : injection en péri-aréolaire ou péri-tumoral, réalisée la veille de l’opération ou le matin même (1 à 16 heures) dans un service de médecine nucléaire, de deux seringues de 40MBq (1,1mCi) de sulfure de Rhénium marqué au Technetium 99.  Lors de l’ablation, le repérage est fait à l’aide d’une sonde gamma au bloc opératoire.

-Une méthode colorimétrique :  injection par le chirurgie, 10 minutes avant le geste de 2ml de bleu patenté V sodique, au niveau de la tumeur, ou en péri-aréolaire, ou dans le quadrant concerné.

Le premier ganglion, sentinelle, va fixer le produit radioactif et le bleu permettant un repérage précis et une ablation par une très petite incision.

Cette recherche peut être faite soit sous anesthésie générale avec un examen histologique immédiat (extemporané) du ganglion suivi immédiatement de l’ablation de la tumeur et de l’éventuel curage (si le ganglion est positif), ou sous  anesthésie locale avec un examen du ganglion au laboratoire (examen plus fiable) suivi quelques jours après de l’intervention pour cancer avec ou sans curage axillaire.