Religions et PMA

Bien que, dans l’ensemble, la Procréation Médicalement Assistée (FIV et inséminations artificielles) soit acceptée, voire encouragée par les religions, certains points font encore l’objet de débats pour la plupart des croyants. Ces questions concernent en particulier:

– l’IAD (insémination avec sperme de donneur);

– la FIV, surtout en ce qui concerne le sort des embryons surnuméraires (congélation, abandon et manipulations génétiques);

– la réduction embryonnaire potentielle en cas de grossesse multiple, souvent assimilée à un avortement.

Il apparaît clairement que le Judaïsme, l’Islam, le Christianisme et les autres religions ne sont pas unanimes sur ces questions.

Le judaïsme

Bien que la Torah émette des opinions bien établies, les rabbins disposent d’une certaine liberté d’interprétation des écrits, ce qui fait que la réponse aux questions posées par les fidèles puisse varier selon le représentant religieux auquel ils s’adressent.

Néanmoins, étant donné que la religion juive prône la croissance et la multiplication, la stérilité est considérée comme une espèce de « malédiction ».

Le Judaïsme est donc favorable, dans l’ensemble, au recours à la PMA.

Cependant, l’utilisation du sperme d’un donneur n’est généralement pas autorisée dans la religion juive. Il est néanmoins arrivé qu’un rabbin ait accepté un tel don, à la seule condition de recourir à un don de sperme d’un donneur non juif, pour éviter tout risque de consanguinité.

Mais, en pratique, étant donné l’anonymat du don de sperme, cette condition semble difficile à satisfaire.

Concernant l’attitude vis à vis des embryons, pour le Talmud, l’embryon n’est que “mayim be’alma” (simplement de l’eau) pendant les quarante premiers jours de gestation, ensuite, il fait partie intégrante du corps de la mère, et devient un véritable être humain. Il est donc permis d’intervenir sur l’embryon dès la fécondation jusqu’à la 5e semaine de grossesse.

La FIV, la congélation des embryons et le diagnostic pré-implantatoire sont donc autorisés.

Alors que le judaïsme ne reconnaît que très rarement le droit à l’avortement, les Poskim (rabbins aptes à prendre des décisions en ce qui concerne les écrits) autorisent la réduction embryonnaire en cas de grossesse multiple si celle-ci met en danger:

– la vie de la mère. Dans ce cas, les embryons sont dits « rodef », comme s’ils poursuivaient leur mère dans l’intention de la tuer;

– la vie des autres foetus. Ici, on parle d’embryons « rodfin », c’est-à-dire qui se pourchassent les uns les autres, avec un risque accru de fausses couches et de perte de tous les embryons.

Néanmoins, ces réductions devraient être réalisées sans délai, si possible avant la 5e semaine de grossesse.

L’avortement d’un embryon « non viable » est également permis dans la religion juive.

Le Catholicisme

La position de l’Eglise catholique est la plus radicale en ce qui concerne la PMA. Elle oppose une fin de non recevoir à toute technique artificielle d’assistance médicale à la procréation. Il s’agit en fait de la position certainement la plus claire vis-à-vis des techniques d’AMP puisqu’elle est opposée à toute technique artificielle conduisant soit à la procréation, soit à son inverse, la contraception.
On peut en effet résumer la position catholique sur ce sujet par le concept suivant : pas d’enfant sans relations sexuelles, et pas de relations sexuelles sans enfant.

La fécondation étant détachée de l’acte sexuel, les techniques d’AMP sont donc toutes rejetées. Le Vatican considère en effet que l’enfant n’est pas un dû et qu’il ne peut être considéré comme un objet de propriété ; il est plutôt un don.

Pour l’Eglise Catholique, bien que la stérilité représente une « dure épreuve », « il est possible, peu à peu, d’assurer l’absence d’enfant par une vie sociale pleine de sens et de fécondité relationnelle ». L’opinion de Jean-Paul II à ce sujet était très claire: il suggérait aux époux de vivre la stérilité comme une «participation particulière à la croix du Seigneur, source de fécondité spirituelle». Il affirmait que «même quand la procréation n’est pas possible, la vie conjugale ne perd pas pour autant sa valeur. La stérilité physique peut être l’occasion pour les époux de rendre d’autres services importants à la vie des personnes humaines, comme par exemple l’adoption, les formes diverses d’œuvres éducatives, l’aide à d’autres familles, aux enfants pauvres ou

handicapés ».

L’Eglise Catholique préconise donc l’adoption chez les couples stériles.

Quelques groupes catholiques seraient néanmoins favorables aux IAC et à la FIV, mais uniquement avec le sperme du conjoint.

En ce qui concerne la réduction embryonnaire, elle est également exclue, car comparable à un avortement!

Par rapport à ce sujet, il faut noter ce qui suit : chaque embryon doit être considéré et traité comme une personne humaine dans le respect de son éminente dignité. On doit donc reconnaître à l’enfant qui doit naître, et à partir du premier moment de la conception, les droits humains fondamentaux, et en premier lieu celui à la vie, qui ne peut être violé dans aucun cas. Cela s’applique bien sûr à la réduction embryonnaire. L’interdiction morale demeure même dans le cas où la poursuite de la grossesse comporterait un risque pour la vie ou la santé de la mère et des autres frères jumeaux. Il n’est pas permis en effet de faire le mal, pas même en vue de la réalisation d’un bien (Jean Paul II, encyclique Evangelium vitae, 57).

Le Protestantisme

Le protestantisme représente une des religions les plus ouverte à la PMA. Pratiquement toutes les techniques de PMA sont permises, y compris les dons de sperme, d’ovocytes et d’embryons. Elles sont permises pour les couples hétérosexuels. La seule exception concernerait les couples homosexuels.

Dans la religion protestante, chaque croyant est libre d’interpréter les écrits et de fonder ses propres convictions, ce qui fait qu’on peut rencontrer des avis très diversifiés, et parfois même complètement opposés. C’est ce qu’on observe notamment en ce qui concerne la question de la réduction embryonnaire où les avis sont très très partagés, selon la sensibilité (évangélique ou libérale) à laquelle les croyants se rattachent.

L’Eglise orthodoxe

Proches des Catholiques, les Orthodoxes sont très prudents sur tout ce qui touche aux manipulations des cellules sexuelles et de l’embryon et rejettent, de ce fait, la majorité des techniques de PMA. Ils considèrent que toutes ces techniques ne sont pas de simples techniques bienfaisantes, mais procèdent d’une conception opposée au christianisme.

Comme pour les catholiques, l’embryon est considéré, dès le moment de sa conception, comme une personne humaine, à part entière, devant bénéficier du droit à la vie et à la dignité.

Aucune manipulation sur l’embryon n’est donc permise.

L’Islam

Etant donné que pour l’Islam la créature humaine ne reçoit pas l’esprit divin avant le 120ème jour de gestation (4 mois de grossesse), l’intervention artificielle de l’homme sur l’embryon n’est pas interdite avant cette date, et on peut donc avoir recours aux inséminations ou à la FIV. L’intervention artificielle sur les embryons est donc permise avant cette date. La FIV et le diagnostic pré-implantatoire à visée thérapeutique ne posent donc également aucun problème.

Pour la congélation, elle est autorisée, mais avec destruction des embryons après la naissance de l’enfant né de la FIV.

L’Islam autorise le recours à la PMA, mais uniquement chez les couples mariés. La religion musulmane ne permet les techniques de PMA qu’avec les cellules des conjoints eux-mêmes, car ils attachent une importance primordiale à la filiation. Elle interdit donc le recours aux dons de sperme, d’ovules et d’embryons. Le recours aux dons de gamètes a néanmoins été autorisé dans quelques cas exceptionnels

En règle générale, on ne peut supprimer un embryon qui s’est correctement implanté dans l’utérus de la femme, selon la religion musulmane, car ce geste s’apparenterait à un avortement. Mais, dans les cas exceptionnels où la grossesse multiple représenterait un risque mortel pour la femme, la réduction embryonnaire pourrait être envisagée.